La problématique liée au changement de nom de l’équipe nationale de football du Bénin a refait surface ces derniers jours. Ceci, à l’occasion d’une réunion du Comité exécutif de la Fédération béninoise de football (FBF). Quelques Béninois rencontrés à Abomey-Calavi ont donné leurs avis sur la question.
« Le problème des joueurs béninois n’est pas un problème de nom. Ils nous ont beaucoup émerveillés à la Can-Egypte 2019. S’il y avait une bonne organisation, les Écureuils seraient à la dernière édition de la CAN jouée au Cameroun. En réalité, il s’agit d’avoir un bon encadrement technique chapeauté par un bon entraîneur », a confié Angelo Mègnizin, enseignant dans un collège privé à Abomey-Calavi. Pour ce dernier, même si on change de nom, et qu’à la base il n’y pas un bon travail, une bonne organisation, il n’y aura pas de résultat. L’essentiel, souligne-t-il, est de bien travailler, et de toujours travailler.
»Ce n’est pas le nom qui pose problème »
Même impression chez Rodolphe Kouvi, imprimeur, exerçant dans la même ville. Pour lui, le nom « Écureuils » est connu de tous. « C’est par ce nom qu’on reconnaît l’équipe nationale. Même si l’animal semble être petit, voire « inoffensif », il a ses qualités. Lorsque vous observez le style de jeu de nos joueurs, vous pouvez vous en rendre compte. L’écureuil est un petit animal rongeur, très rapide dans ses mouvements. Et moi, je note cela dans le jeu des joueurs », a-t-il expliqué. Se référant au dicton populaire qui dit « l’éléphant a beau être géant, mais c’est une petite fourmi qui parvient à le tuer », l’imprimeur rappelle que les Écureuils en dépit de la petitesse de leur taille, ont réussi à battre de grandes équipes portant de grands noms (lions, etc). L’essentiel selon lui, est de travailler. « Donc, fondamentalement, ce n’est pas le nom qui pose problème. On peut toujours garder ce nom et affronter des équipes de grands noms : lions, léopards, éléphants, etc, et gagner le match si nous mettons en place une bonne organisation, et que nous travaillons bien », a insisté Rodolphe.
Selon Marcellin, chef maçon, le débat sur le changement du nom de l’équipe nationale a refait surface au moment où les joueurs « ne foutaient rien », (les années 2000, et leur première participation à la CAN en Tunisie, et les autres qui ont suivi. Mais le travail effectué par le gouvernement actuel dans le secteur du sport, et leur prestation à la CAN-Egypte 2019, a redonné un peu confiance. « On a vraiment compris qu’avec un bon travail, on peut toujours aller de l’avant », a-t-il soutenu.
Évoquant la dernière CAN au Cameroun, il a regretté l’élimination du Bénin. Les Écureuils avaient des chances de se qualifier à cette CAN mais, ils n’ont pas pu à cause d’une mauvaise préparation, a fait savoir le maçon avant de préciser que le nom n’est pas la cause. La question relative au nom, pour lui, est une occasion subsidiaire.
Si ces trois premiers intervenants estiment que le changement de nom n’est pas important, tel n’est pas le cas chez Amadou, jeune footballeur. Pour lui, il faudrait que l’adversaire en entendant le nom de l’équipe à laquelle elle doit faire face, ait un peu peur. A l’en croire, c’est déjà le début des batailles psychologiques dans un match. « Si vous avez un nom qui ne suscite pas la crainte, la peur de vous affronter, on ne vous considère pas », a-t-il fait savoir. Prenant l’exemple d’une équipe surnommée « Lions », contre une autre qui appelée « Les aigles », le jeune footballeur rappelle que tout le monde sait que le lion est le roi de la forêt, et que les aigles volent dans les airs. Mais lorsqu’on mettra les deux face à face pour une compétition, le lion à priori est plus fort, et peut dominer l’aigle, et c’est très important pour le moral, a-t-il ajouté.
»C’est bon d’avoir un nom qui fait peur à l’adversaire »
« L’une des batailles dans un match de football, c’est l’aspect psychologique, et le nom de l’équipe participe à cela. C’est toujours bon d’avoir un nom qui inquiète, qui fait peur à l’adversaire », a confié Amadou.
Des avis que partagent Geremie, un de ses coéquipiers. Il s’exprime en ces termes : « Moi je ne sais pas pourquoi les gens ont donné ce nom à l’équipe nationale. Donner le nom d’un petit animal pour représenter toute une nation, n’est pas juste. Je ne sais pas combien d’écureuils on compte au Bénin, pour qu’on en arrive à donner le nom de l’animal à l’équipe nationale. Il faudra réfléchir pour donner un nom que, lorsque les gens l’entendent, savent que c’est du Bénin qu’on parle. Quand on prend la Côte d’Ivoire par exemple, eux autres, ils ont des éléphants qui font leur fierté et leur identité. Et leur équipe nationale s’appelle « Les Éléphants ». Que nos responsables aussi réfléchissent pour faire quelque chose comme ça », a recommandé le jeune homme.
La polémique née du ratel
Le Comité exécutif de la FBF au cours d’une réunion a inscrit le changement du nom de l’équipe nationale parmi les sujets à l’ordre du jour. Aussitôt, le nom du ratel a fuité, enflammant la toile. Des responsables de la FBF sont montés au créneau pour démentir l’information.
Bien qu’étant pour le changement de nom, Amadou n’est pas d’accord pour le supposé nom de Ratel qui a fait le tour des réseaux sociaux. « Ça vient d’où ? On trouve ça au Bénin ?, s’est interrogé le jeune homme.
Ayant vu l’image de l’animal sur le réseaux sociaux, son ami Geremie reconnaît que le ratel est un animal très tenace qui résiste à son adversaire.
»Il faut que le nom reflète les réalités du pays »
Mais choisir un animal très peu connu, dont beaucoup ignorent l’existence sur le territoire béninois comme le nom de l’équipe nationale, pour lui, n’est le choix idéal. Faudrait que le nom qui va être retenu reflète un peu les réalités béninoises, a-t-il souhaité.
Encore appelé zorille du Cap, le ratel est un mustélidé répandu dans la région allant du Nord de l’Inde à la Péninsule arabique, et dans toute l’Afrique subsaharienne à l’exception de Madagascar. Il est réputé pour son comportement féroce et particulièrement tenace ainsi que pour son endurance.
F. A. A.