La problématique de l’accès des femmes aux ressources agricoles et économiques était au cœur d’un atelier de renforcement des capacités d’action des femmes politiques et conseillères des communes des départements du Zou, de l’Atlantique et du Littoral.
Organisé par la Konrad-Adenaeur Stiftung, le coup d’envoi des travaux de cet atelier dont le but est de renforcer le leadership politique des femmes élues afin d’améliorer leur participation et influence dans les instances de prises de décision locales pour les questions foncières, a été donné par la deuxième adjointe au Maire de Ouidah, Mme Sabine Fourn. C’était dans la matinée de ce jeudi 17 février 2022 à l’hôtel Nifur à Bohicon en présence du Coordonnateur national du projet Ewoh2 ‘’un monde sans faim » au Bénin, M. Mounirou Tchakondoh.
Vingt (20) femmes politiques et conseillères des communes des départements du Zou ; de l’Atlantique et du Littoral sont désormais aguerries pour prendre la parole au cours des sessions et pour soumettre des propositions au conseil municipal afin de contribuer au changement de paradigmes et au renforcement des droits économiques et fonciers des femmes au Bénin. C’est à la faveur d’un « atelier de renforcement des capacités d’action des femmes politiques et conseillères pour les droits fonciers et économiques des femmes au Bénin » organisé par la Konrad-Adenaeur Stiftung (KAS) les 17 et 18 février 2022 à Bohicon.
Ponctuée par six (6) communications, cette formation de deux jours a permis aux participantes de mieux cerner leur rôle, en tant que femmes politiques et conseillères, dans la lutte contre la faim et l’insécurité alimentaire à travers l’accès de la femme à la terre.
Au Bénin et partout en Afrique, la question de l’accès de la femme aux ressources foncières n’est pas seulement juridique mais éminemment socio-culturel et politique. Mieux, « la prééminence des régimes fonciers coutumiers sur le droit moderne dans les communautés et les pesanteurs socio-culturelles limitent fortement la portée de la consécration du principe juridique de l’égalité constitutionnelle des sexes » a lâché le Coordonnateur national du projet Ewoh2 ‘’un monde sans faim » au Bénin, M. Mounirou Tchakondoh, dans son mot introductif à l’ouverture des travaux. Une situation qui limite les capacités productives de la femme en la maintenant dans la précarité. Il urge donc de créer les conditions nécessaires pour le développement soutenu et de la lutte contre la faim et la pauvreté au Bénin pour renverser la tendance. Rappelant que la terre constitue un pesant d’or dans l’exercice d’une activité sociale et économique et en matière de crédit agricole, M. Mounirou Tchakondoh préconise une synergie d’action des femmes politiques et élues conseillères dans la dynamique. « L’implication des femmes leaders politiques et élues conseillères dans la dynamique de renversement des tendances contribue à renforcer le dialogue sur les questions des droits fonciers et économiques, l’autonomisation, pour assurer une pleine participation des femmes à la vie civile, politique, sociale et économique, et à l’exercice des droits correspondants » a-t-il insisté.
Prenant la parole pour lancer les travaux, la Deuxième adjointe au maire de Ouidah, ravie de participer à cette session, a, après avoir remercié la KAS pour l’organisation de cet atelier, exhorté ses paires à participer au plaidoyer pour que toutes les femmes puissent avoir accès au foncier. « La femme est créatrice de richesse et nous devons l’aider à faire plus en l’aidant à accéder à la terre et aux ressources agricoles » a lancé Mme Sabine Fourn. Selon ses explications la thématique évoquée va permettre aux femmes de s’affirmer.
Mais, avant toute jouissance durable des droits fonciers et économiques, il y a des à préalables à remplir.
La femme a accès à la terre au même titre que l’homme selon la loi
Dans sa communication intitulée « la problématique de l’accès des femmes aux terres agricoles et le dispositif juridique et institutionnel au Bénin » M. xavier Xola, juriste et expert foncier recommande, à défaut du titre foncier, aux femmes de se faire délivrer un acte de présomption de propriété (attestation de recasement, attestation de détention coutumière, avis d’impôt 3 dernières années …) pour attester de leur qualité de propriétaire.
Par ailleurs, la Cheffe de l’arrondissement (CA) de Oussè Centre, Mme Cica Otekpo invite le gouvernement à réduire les frais de délivrance de ces actes notamment le coût de l’attestation de détention coutumière afin de permettre aux femmes de sécuriser leurs terres pour un développement durable.
Mme Philomène Chincoun, élue conseillère et présidente des affaires domaniales dans la commune de Tori-Bossito, entend pour sa part organiser une séance de restitution avec les femmes responsables des groupements d’intérêts féminins de sa commune. « Cette formation m’a permis de renforcer mes capacités sur les droits d’accès des femmes à la terre. Une fois de retour à Tori, je ferai une restitution avec les femmes responsables des GIE pour qu’à leur tour, elles fassent le même exercice afin que nous soyons toutes au même niveau d’information pour une meilleure jouissance de nos droits fonciers » a-t-elle promis.
Tout comme elle, Mme Iris Boco, CA du 7 ème arrondissement de Cotonou salue l’initiative qui vient améliorer l’accès des femmes au foncier et aux ressources agricoles au plan national. « Cette formation est pour moi la bienvenue car déjà à partie de la première communication, je perçois mon rôle en tant qu’élue conseillère et je remercie la KAS pour avoir renforcé nos capacités sur le foncier. Je suis persuadée qu’en suivant les cinq (5) prochaines communications d’ici à demain, je partirai de Bohicon avec une plus large perception de mon rôle dans le respect des droits fonciers des femmes au Bénin ». Les travaux prennent fin ce jour avec à la clé des recommandations à l’endroit des divers acteurs impliqués dans le foncier au Bénin pour un accès équitable et efficace des droits des femmes à la terre et aux ressources agricoles et économiques.
Juliette Mitonhoun