Banalisation du sexe, rapport à l’argent et autres biens, mauvaise influence des réseaux sociaux, éducation…Qu’est-ce qui peut expliquer la diffusion en ligne de vidéos d’ébats sexuels de jeunes béninois telles les séquences d’une séance de partouze entre une jeune fille et trois jeunes hommes qui a suscité l’indignation dans l’opinion publique cette semaine ? Trois personnalités ont abordé le fait et proposé des solutions. C’est ce jeudi 10 février 2022 sur l’émission 5/7 matin de la télévision nationale.
Me. Huguette Bokpè Gnancadja, Avocate, Secrétaire exécutive de l’Institut national de la femme (INF), Prof. Charles Babadjidé, Socio-anthropologue, Enseigneur-chercheur à l’Université d’Abomey Calavi (UAC), Gérardine Songbé, Experte des questions de santé sexuelle et reproductive se sont prononcés sur un comportement déviant de la jeunesse ce jeudi 10 février 2022 dans l’émission 5/7 matin de la télévision nationale sur le thème ‘’Exposition sexuelle des jeunes en ligne : le signe d’un échec de notre société ». Il s’agit de la diffusion en ligne de vidéos d’ébats sexuels de jeunes béninois. Une vidéo montrant des séquences d’une séance de partouze entre une jeune fille et trois jeunes hommes est diffusé sur les réseaux sociaux depuis le mardi 08 février dernier. Bien avant cela, d’autres vidéos de jeunes filmés dans des universités et collèges avaient été publiés sur les mêmes canaux. Les invités de l’émission ont unanimement condamné les faits tout en s’interrogeant sur leur cause.
La racine du mal
« Nous sommes dans une société où l’éducation est en déclin. En vérité, tout ce qui se passe aujourd’hui est dû à ce que les parents ne prennent plus en charge leurs responsabilités », a indiqué Prof. Charles Babadjidé, Socio-anthropologue, Enseigneur-chercheur à l’Université d’Abomey Calavi (UAC). Me Huguette Bokpè Gnancadja, Avocate, Secrétaire exécutive de l’Institut national de la femme (INF) reconnaît l’impact de l’éducation dans ces déviances de la jeunesse mais ne pointe pas du doigt la démission des parents et accuse l’environnement familial. « (…) Parfois, il y a le refus de l’éducation par un enfant malgré les efforts des parents », nuance Me Huguette Bokpè Gnancadja. « L’éducation est à l’eau et les jeunes ont, aujourd’hui, d’autres formes d’éducation qui leur sont proposées (…). Il y a un conflit entre la bonne volonté des parents, la bonne volonté des enseignants, (…), la rue, que les enfants fréquentent de plus en plus, et les amis (…). La non éducation ou le refus d’éducation produit de mauvais fruits », explique l’avocate. Pour Gérardine Songbé, Experte des questions de santé sexuelle et reproductive, il y a les réseaux sociaux qui vendent des rêves et font également la promotion de la ‘’prostitution » appelée dans le langage codé des jeunes ‘’bizi ». C’est parce que la jeune fille ne veut pas « travailler pour avoir ce qu’elle veut qu’elle se livre à ce genre de pratique peu recommandable qui d’ailleurs l’expose à des risques d’infections (VIH), de grossesses non désirées », a réagi la jeune experte Gérardine Songbé au sujet de la vidéo de la jeune fille en ébats sexuels avec trois jeunes hommes en contrepartie d’un téléphone de marque Iphone et d’une somme de quinze mille francs. Gérardine Songbé, Experte des questions de santé sexuelle et reproductive met également en cause la mauvaise influence des réseaux sociaux. Selon les explications de Prof. Charles Babadjidé, Socio-anthropologue, Enseigneur-chercheur à l’Université d’Abomey Calavi (UAC), l’évolution de la technologie a fait en sorte que les jeunes ont facilement accès à des scènes obscènes mais oublient souvent que ces vidéos ont fait l’objet de montage. « ils (les jeunes, Ndlr) prennent cela comme des réalités et veulent faire comme… », se désole-t-il. Selon les trois invités, surfant sur le buz les jeunes filles comme garçons ne font plus attention à leur image, à l’honneur de leur famille.
La solution…
« (…) Il va falloir soigner la fracture pour que nous puissions désormais avoir un œil sur nos enfants afin de les éduquer et leur inculquer les valeurs (…) », a exhorté Prof. Charles Babadjidé, Socio-anthropologue, Enseigneur-chercheur à l’Université d’Abomey Calavi (UAC). Selon l’experte des questions de santé sexuelle et reproductive Gérardine Songbé, les Organisations de la Société civile, les associations de jeunes, le gouvernement auront beau investi dans la santé sexuelle des adolescents et jeunes mais cela sera effet si l’environnement dans lequel le jeune vit n’est pas en favorable à une éducation sexuelle, nous aurons à faire face à ce genre de comportement immoral. « Un réel travail mérite d’être fait pour les générations à venir (…). Une éducation parallèle doit pouvoir également s’imposer sur les réseaux sociaux pour que les jeunes puissent savoir faire la part des choses, savoir que rien n’est acquis aussi facilement et qu’il faut se battre », a-t-elle ajouté. Bokpè Gnancadja appelle à une sensibilisation des jeunes hommes au respect de la femme et demande aux jeunes filles de préserver leur intégrité .« On peut être pauvre et digne », a indiqué Bokpè Gnancadja, Avocate, Secrétaire exécutive de l’Institut national de la femme (INF).
Marc MENSAH